Je suis dépourvu de foi et ne puis donc être heureux car un homme qui risque de craindre que sa vie ne soit une errance absurde vers une mort certaine ne peut être heureux.
Stig Dagerman
Ce texte introspectif teinté de philosophie angoissée et lucide de Stig Dagerman constitue la colonne vertébrale de ce spectacle qui, en parallèle, offre de nombreux contrepoints et laisse volontiers place à l’imagination du spectateur. L’adaptation de ce texte non dramatique et libéré d’une convention narrative traditionnelle a permis à Armel de travailler sur un discours indirect libre, lui donnant la possibilité de confronter d’autres idées, images, métaphores et sensations aux mots implacables du monologue. Par le principe du collage/montage, Armel interrompt donc le récit en amenant des éléments du réel comme de la représentation ou encore provoque le téléscopage d’univers et espace-temps étrangers, créant par là un ensemble d’entrechocs sensoriels et de juxtapositions qui font se rencontrer Stig Dagerman et Vincente Minnelli, Jean-Luc Godard et William Shakespeare, une recette de cuisine et le monde insolite de Gilbert Peyre, plasticien électro-mécano-maniaque, qui co-signe également la scénographie.
En résulte une proposition théâtrale originale, construite sur une force poétique faite de rupture, d’opposition, de détournement, mêlant le jeu, le chant, la danse, les arts plastiques mais aussi le mélodrame, le réalisme, la parodie et le lyrisme.
Mise en scène et adaptation : Armel Roussel // Plastique générale : Gilbert Peyre assisté d’Aligna // Composition musicale, musicien et son : Pierre-Alexandre Lampert // Costumes : Mina Lee // Assistant général, régie plateau : Eric Castex // Lumières : Marion Hewlett, Patrice Lechevallier // Vidéo : Alda Snopek // Coordination technique: Sonia Rickli//Jeu : Karim Barras, Raphaëlle Germser, Eric Castex, Pierre-Alexandre Lampert, Kitty Kortes Lynch, Vincent Minne
Un spectacle d’Utopia 2 en coproduction avec La Bellone-Brigittines et le kunstenFestivaldesArts. Avec l’aide du Ministère de la Communauté française Wallonie-Bruxelles, Direction générale de la culture, service du théâtre
À cet intense monologue introspectif, livré tout en tension par Vincent Minne (en photo), le metteur en scène marie la scénographie farfelue du plasticien Gilbert Peyre, et des présences qui brisent le fil noir de la pensée. Un couple au quotidien, des régisseurs bizarroïdes, une spectatrice interventionniste et ébouriffante... L'égarement est un risque - à courir dans cet univers étrange, drôle parfois, désespéré souvent, gouverné par des forces intranquilles. -Marie Baudet, La Libre, 7.05.2002