« J’ai envie d’explorer comment la peur construit la société. La peur dans tous ses aspects, multiples et contraires : peur d’aimer ou de ne pas être aimé, peur de la mort ou... de la vie. Comment, à cause de la peur de ne pas être accepté, on met en place des mécanismes inconscients qui, au final, nous empêchent d’être libres. »
Armel Roussel
Frein puissant aux actions humaines ou moteur aussi vicieux qu’obscur de nos comportements, la peur est un beau sujet de théâtre. On ne peut donc que se réjouir qu’un créateur de la trempe d’Armel Roussel s’en saisisse. Depuis vingt ans, avec sa compagnie Utopia2, le metteur en scène alterne les adaptations de textes du répertoire et les créations collectives avec toujours le même élan de fraîcheur formelle et de profondeur dramaturgique. Armel Roussel, qui animera aussi la saison prochaine un workshop avec des comédiens roumains dans la cadre de Villes en Scène/Cities on Stage, définit les contours de son approche du sujet avec un enthousiasme alléchant : « J’ai envie d’explorer comment la peur conduit ou même construit la société. La peur dans tous ses aspects, multiples et parfois contraires : peur d’aimer ou de ne pas être aimé, la peur de s’engager ou de se reproduire, le peur de s’opposer, de perdre son emploi, la peur de la mort ou la peur... de la vie. Et c’est peut-être ce dernier aspect qui m’intéresse le plus. Comment, à cause de la peur de ne pas être accepté, d’être marginalisé, on met en place des mécanismes inconscients qui, au final, nous empêchent d’être libres. » Le sujet est en chacun de nous et nul ne l’affronte sans frayeur. Mais n’ayez pas peur de La peur : ceux qui connaissent bien le travail d’Armel Roussel savent qu’ils seront à coup sûr emportés dans un tourbillon festif à la lumineuse énergie.
Dans une scénographie qu’il imagine évolutive, avec l’envie d’une grande liberté de ton et de lorgner vers l’irrationnel qu’impose le sujet, Armel Roussel entend créer « un spectacle en santé sur un monde malade ». Que cherche-t-on d’autre en s’asseyant dans un fauteuil de théâtre ?
Ecriture et mise en scène Armel Roussel // Ecriture et jeu Selma Alaoui, Lucie Debay, Vanja Godée, Denis Laujol, Adrien Letartre, Nicolas Luçon, Vincent Minne, Sophie Sénécaut, Uiko Watanabe // Avec la participation de L’Ensemble Il Diletto Vocale sous la direction de Daniel Lipnik – MusikAnima et la participation vocale de Nathalie Mellinger // Assistant à la mise en scène Julien Jaillot // Conseillère artistique Sofie Kokaj // Direction technique et lumières Nathalie Borlée // Scénographie Nathalie Borlée et Armel Roussel // Création vidéo Zeno Graton // Création sonore Brice Cannavo // Costumes Hélène Honhon // Maquillages Zaza da Fonseca // Chargée de production Gabrielle Dailly // Régie générale Luc Loriaux // Régie plateau Julien Desmet, Corentin Longe // Régie lumières Didier Covassin // Régie son Simon Pirson // Régie vidéo Giacinto Caponio // Décors et costumes réalisés dans les ateliers du Théâtre National // Construction Dominique Pierre, Yves Philippaerts, Pierre Jardon, Laurent Notte // Peinture Béatrice Massinger // Costumes Nicole Moris, Jennifer Defays, Nathalie Willems
Une création d’Armel Roussel/[e]utopia3 en coproduction avec le Théâtre National/Bruxelles. Avec l’aide de la Commission Communautaire Française et de la Fédération Wallonie-Bruxelles – Service du Théâtre.
Avec La peur [...], Armel Roussel confirme qu’il est un de nos metteurs en scène les plus intéressants. […] A la générosité "indignée" du propos, Armel Roussel ajoute une générosité dans la mise en scène qui fourmille d’idées originales et de trouvailles jouissives. La Libre Belgique - 02/2013.
Roussel ausculte le flou de son époque. Avec les frères Murgia, entre autres, Armel Roussel est l'un des artistes les plus intéressants de la scène belge francophone aujourd'hui. Un metteur en scène qui sait, comme personne, souligner les contours d'une époque pourtant fuyante, mettre le doigt sur l'insaisissable mal être d'une génération déboussolée. Il réussit à coincer entre quatre yeux notre société contemporaine pourtant plus glissante qu'une aiguille, une société aux enjeux et processus toujours plus complexes... Catherine Makereel - le Soir - 25/02/2013
La peur n'explose pas au regard de tous, elle s'immisce parmi chaque personnage qui au fur et à mesure se rend compte de son propre carcan de peur. Et au final, se pose la grande peur universelle; celle de ne pas être ce que l'on est. De ne pas être ce que l'on est à cause d'une société restrictive, de ne pas être ce que l'on est à cause des ses propres mécanismes, conscients ou inconscients, qui nous fournissent de fausses excuses pour ne pas être libre. Ce propos est magistralement mis en scène. De la scène d'ouverture à la scène de clôture. (...) Saisissant. Absolument saisissant. Une superbe mise en scène, un propos intelligent. La Peur, affrontez-là, ça vaut largement le coup. Elodie Kempenaer – lesuricate.org – 02/2013