L’errance furieuse d’une jeunesse chaotique, qui confond sa soif de liberté avec la destruction de tout ce qui l’entoure.
Au sortir de la Grande Guerre, Bertolt Brecht a tout juste vingt ans. Profondément marqué par l’ivresse dévastatrice dans laquelle l’Europe s’est précipitée, il écrit Baal, comme une réponse sanglante à un siècle naissant et déjà condamné. Tout au long de sa vie, Brecht fut hanté par l’écho scandaleux de sa première pièce. Jusqu’à sa mort, il ne cessa de remanier ce texte qui, aujourd’hui encore, se détache comme une parenthèse brutale et dissonante, au sein de l’œuvre de l’un de nos plus grands auteurs de théâtre.
En choisissant de se confronter à la deuxième version de Baal, datée de 1919, Armel Roussel s’empare du nihilisme violent et sauvage du jeune Brecht. Il nous invite à suivre l’errance tragique d’un poète en rupture totale avec le monde qui l’entoure. Ivre d’alcool, de sexe et de sang, Baal apparaît comme une figure chaotique de la dévoration. Broyant l’existence de tous·tes celleux qui croisent sa route, il plonge peu à peu dans les noirceurs de l’âme et s’enfonce dans la nuit, seule à même de mettre un terme à sa course effrénée vers la destruction.
Depuis ses débuts, Armel Roussel n’a cessé de puiser son inspiration dans les textes de répertoire, qu’il confronte aux enjeux contemporains. Son goût des classiques est électrisé par la modernité de sa démarche esthétique. Généreux et impudique, souvent provocant mais toujours sincère, son théâtre agit comme une déflagration, qui met les œuvres en mouvement. Cette nouvelle création s'articule autour d’un thème qui a jalonné son parcours artistique : la course effrénée d’une jeunesse chaotique, qui noie son désir d’absolu dans les fureurs de la destruction.
Libre.
Voilà un mot tout simple et bien compliqué.
Baal est-il libre ?
Est-ce qu’être vraiment libre, c’est s’affranchir de toute règle, de tout code, de toute morale ?
Ou sommes-nous aussi protégé.es par ce qui nous contraint ?
Que ferions-nous et que serions-nous si nous n’avions pas de limite ?
Baal est un poète mais c’est aussi un porc.
Peut-on en 2022 faire d’un porc le héros d’une pièce ?
Je crois que c’est aussi cette question qui m’amène vers ce texte. Parce qu’il y a une impossibilité quelque part.
J’ai failli appeler le spectacle : «Baal - déconstruction ».
Puis je me suis ravisé, je trouvais cela trop ... je ne sais pas... précis ? Provocant ? Limitatif ?
Moral ?
Et puis les ayant-droits de Brecht ne seraient pas OK.
A la base, Ils ont des droits ! Nous des devoirs !
Nous sommes contraint.es.
Baal aurait envoyé tout cela balader.
Brecht, je ne sais pas.
Et nous, nous ferons avec.
Baal, c’est le premier texte de Brecht, Il l’a écrit en 1919 à 19 ans.
C’est à la fois son autoportrait et le portrait d’une jeunesse fracassée à l’issue de la Première Guerre mondiale.
Je pense que jouer Baal c’est aussi faire l’autoportrait de celui qui le joue et sans doute aussi un peu de celui qui le met en scène.
Nous allons nous confronter à des choses dangereuses de nous.
Il n’y aura pas de concession.
J’ai toujours pensé que le moment du spectacle... même si on y parle de choses difficiles... que ce moment devait être joyeux.
Non pour faire rire, mais parce que placer la recherche de la joie au centre de tout, c’est encore laisser palpiter la vie et le désir.
Le spectacle « Baal » sera une fête.
Que nous célébrerons à dix acteurices.
Ça va être rock. Ça va être fou. Ça va être ivre.
Y-a-t-il de l’amour dans le personnage de Baal ?
Comment allons-nous l’aimer ?
Armel Roussel
Auteur | Bertolt Brecht |
Traduction | Eloi Recoing (version de Baal de 1919) |
Mise en scène | Armel Roussel |
Interprétation | Edson Anibal (création), Siegfried Moncada (reprise), Romain Cinter, Emilie Flamant, Pierre-Alexandre Lampert, Berdine Nusselder, Vincent Minne, Eva Papageorgiou, Anthony Ruotte, Lode Thiery, Uiko Watanabe |
Assistanat à la mise en scène | Alex Sartoretti |
Collaboration dramaturgique | Jean-Gabriel Vidal |
Direction Technique | Yorrick Detroy |
Scénographie | Clément Losson |
Création Lumière | Stéphane Babi Aubert |
Création Musique et Son | Pierre-Alexandre Lampert |
Régie lumière | Gwenaël Laroche |
Création Costumes | Odile Dubucq |
Attachée de Presse | Patricia Lopez |
Directeur de Production | Camille Grange |
Responsable médiation culturelle | Romain Cinter |
Diffusion et production | Alex Sartoretti |
Photographes | Simon Gosselin, Pascal Gély |
"Baal est un cocktail explosif, où le désenchantement le dispute au désabusement. Terriblement d’actualité, un siècle après son écriture. La volonté de Brecht (« Baal est contemporain de qui monte la pièce ») a été respectée." - La Voix du Nord, 10.11.2022
"La mise en scène aussi simple que directe et concrète d’Armel Roussel n’est pas sans écho à la violence et à la vanité de la société contemporaine. [...] Une enthousiasmante troupe d’acteurs traversée de l’énergie rageuse et de la mélancolie de la pièce joue tous les rôles avec une franche jubilation, et met en évidence combien la relation à l’autre et le rapport au monde sont dans Baal de puissants et organiques corps à corps, conflictuels et étreignants. [...] Baal, tel qu’il est montré, gagne en profonde humanité. Et si parfois, à l’évidence, il suscite le rejet, il parvient aussi à inspirer une certaine empathie. C’est la force de l’interprétation du comédien mais également celle de la vision du metteur en scène. « Je dois avouer que j’aime Baal » déclare Armel Roussel qui nous le fait aussi aimer." - Christophe Candoni, Scèneweb, 11.11.2022